Ia Orana,
Alors voilà, je suis à l’aéroport de Papeete pour une dernière attente à cette même place avant mon vol pour Rapanui-Ile de Pâques !
Je reviens d’une dernière semaine en Polynésie assez décevante dans l’ensemble : faut dire que j’avais atteint des sommets auparavant. Je ne peux pas avoir que des bonnes surprises, ce serait trop facile !!!
Ca commence par trois jours à Fakarava, un atoll du style Rangiroa, où je vais faire deux très belles plongées dans de l’eau super transparente, au milieu des requins, napoléons, mérous, tortues et autres carangues. On ne fait pas beaucoup mieux que les Toamotu pour plonger, c’est une certitude maintenant. Ceci dit, il y a encore beaucoup de choses à faire à travers le monde côté plongée, je ne suis pas prêt de m’essouffler : je pense à l’Egypte, aux Iles Coco au Costa Rica, à Malpelo en Colombie, à la Papouasie, aux Galapagos, à Madagascar, aux Maldives, au Mozambique, à l’Indonésie, à la Malaisie et j’en oublie, c’est sûr !!! Je garde ça pour plus tard. Bref, sur Fakarava, pas grand-chose à faire, surtout que le temps n’a pas vraiment été de mon côté !!! Mais ce n’est pas le plus gênant pour moi. Non, ce qui me choque, c’est l’accueil qui n’est vraiment pas au rendez-vous ici. OK, j’ai fait de beaux lagons, de beaux atolls, des plongées de folie et tout !!! Mais pour l’immersion côté culture, le bilan est nul. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Je ne trouve décidément pas cette spontanéité souriante, ces échanges non intéressés !!! Y a quelque chose dans l’air ici qui me fait penser que le fossé entre Tahitiens et métros est difficile à combler. J’ai été super heureux dans les premières pensions de famille dans lesquelles j’ai été accueillie sur Maupiti ou sur Bora, pas de souci là-dessus. Ce sont peut-être finalement les exceptions qui confirment la règle. En revanche, à Fakarava, j’ai carrément changé de pension tellement la discussion manquait, les sourires aussi. Toutes les questions que je posais n’aboutissaient à aucune discussion, juste un oui, un non, un « je sais pas », un soupir !!! Comme de la lassitude, de l’indifférence que j’ai pris pour de la négligence, voire du non-respect !!! Sans parler des conditions d’hébergement, très propres et très jolies, avec une vue magnifique sur le lagon. Mais voilà, je suis seul et j’ai un sac sur le dos, donc pas trop de monnaie, donc, pas trop d’intérêt. Tu changes de chambre, tu partages la chambre, tu dois déménager à 10 h et reprendre une autre chambre vers 16 h, bref, à e point, je dis bye bye !!! Pas envie de donner ma tune à ce genre de personnes !!! Obligé de se réfugier chez des Popas (comprenez des métros) qui ont leur pension et qui t’orientent, te filent des tuyaux, discutent avec toi, simplement quoi. Ca me parait plutôt naturel finalement comme comportement dans le secteur de l’hébergement et de la restauration !!! Voilà pour Fakarava qui est comme tous les autres atolls polynésiens un bijou naturel haut en couleurs. Rien à dire là-dessus, mais il est temps pour moi de partir.
Après ça, je reviens sur Papeete où deux solutions s’offrent à moi : soit je reste le WE ici, en ville, ou je reprends un zinc pour Moorea, pour plonger avec les requins citron et voir les baleines. La décision a été prise en deux secondes. Y a bien un avion qui part dans 30 minutes, mais à l’arrivée, y a pas de transport. La société locale ferme à 19 h, mais le chauffeur habite près de l’aéroport et ne veut pas m’emmener à ma pension. OK, j’ai droit à une nuit gratuite sur le sol de l’aéroport de Papeete !!! Finalement, je décolle le lendemain matin à 6 h30 pour Moorea. Arrivé à destination, je me casse les dents sur des sociétés de transports qui ne veulent pas de moi : pas assez de chauffeurs ou je ne sais pas trop quoi !!! Ils finissent par me dire en éclatant de rire : mais Monsieur, y a des taxis (euh ouais mignonne, mais c’est plus cher que l’avion !!!). Ok, je vais faire du stop. Après tout, la plongée est à 8 h 30, il n’est pas 7 h et j’ai trente bornes à faire : c’est plus que jouable. J’ai mes sacs sur le dos, je suis complètement mort (à la limite de me demander si c’est sérieux de plonger dans ces conditions !!!) et j’ai des chiens qui piquent des sprints en me gueulant dessus à chaque portail ouvert ! Ca s’annonce plutôt mal. J’ai les nerfs, je vais finir par en caillasser un, c’est sûr !!! Une voiture s’arrête, cool !!! Je vais faire les 30 km en 2 h 30 en 4 relais voiture : que des popas !!! Désolé, c’est purement factuel ! Il est 9 h 30, la plongée, c’est mort. A la pension, il me refile la chambre la plus chère parce que tout est complet. Je paie et je me couche dans cette piaule-taudis sans électricité, sans moustiquaire (5000 francs = environ 40 € : j’ai mal au cul !!!). Je vais rien faire de la journée : la plongée pour les requins citrons c’est le lendemain (mais j’ai un vol pour l’île de Pâques, donc je ne peux pas plonger !!!) et les baleines n’ont pas encore été aperçues dans les parages. En plus, il pleut des cordes ! Quand je me réveille, je retourne à la réception demander pour le transport jusqu’à l’aéroport le lendemain. « Ah bah oui, mais demain, c’est dimanche et puis, y a pas vraiment d’horaires fixes, faut juste attendre entre 14 h et 15 h au bord de la route, patins couffins !!! » Bref, elle en sait rien et je dois sortir du bureau avant de rentrer dans le registre des insultes !!! Surtout quand elle me jette au visage de ne surtout pas oublier de lui rendre la clé de la chambre avant 10 h demain matin parce que justement, c’est dimanche, et qu’ils ferment la réception dans la matinée !!! Aaaaaarrrrrrrrgggghhh !!! Bon, j’essaie d’appeler une agence de location de bagnoles comme ça, je serai vraiment indépendant : je peux la rendre à l’aéroport et trimballer mes sacs avec moi. Du coup, plus rien à secouer du bus, de l’heure de remise des clés et tout et tout. Mais c’est 16 h et le chiffre de la journée est apparemment déjà fait pour eux. Donc, il n’y a plus personnes dans les bureaux. Dans les deux agences. Je verrais ça demain, tant pis, mais ça me gonfle leur organisation logistique à deux francs cinquante. Là, je rencontre Paul et Mathilde, deux jeunes français avec qui je vais discuter un bout et qui me relate leur mal-être ici (ils sont installés depuis 3 mois sur Papeete). OK, journée morose, ça arrive, on va pas en faire un fromage !!! Le lendemain matin, le soleil est là. Je trace dehors dès 6 h 30, à la recherche d’une solution. Et je croise une fille (je ne sais plus le nom) que j’avais rencontrée à Rangiroa, une petite semaine plus tôt. Elle va chez le loueur de scooter pour annuler sa réservation d’aujourd’hui !!! Tout vient à point… C’est tout bon pour moi, je prends le scooter et conclus de le rendre à l’aéroport !!! Bah voilà, faut pas désespérer !!! Ca me permet de faire le tour de l’île et un joli point de vue (tout ça est splendide, comme d’habitude ici) et de rejoindre l’aéroport en temps et en heure !!! Cool !!! A l’arrivée, je tombe sur Christian, un gendarme métro qui vit à Papeete depuis presque 3 ans et avec qui j’ai plongé à Rangi. On va bouffer dans les roulottes à Papeete et ma journée se termine ici, devant cet écran à attendre mon avion. On est que 22 passagers pour le vol. Autant dire que je vais bien dormir dans l’allée centrale !!!
J’ai passé des moments extraordinaires, fabuleux ici. Certains moments les plus remarquables de tout le voyage. Mais les discussions avec les autochtones sont stériles. J’ai envie d’apprendre, de connaître un peu, cette culture Maohi. Mais le partage est impossible. L’alcool est également trop présent ici, je veux dire l’alcoolisme. Et puis, il y a cette espèce d’amertume, de rancœur de la population locale envers la France et ces habitants. Quelque chose dans ce goût qui inhibe toute spontanéité dans le dialogue et le sourire !!! C’est triste !!!
L’environnement est féérique, vraiment, la bouffe est excellente, mais pour venir ici, il faut s’armer de patience et avoir le porte feuille bien rempli. Je ne suis pas mécontent de quitter ce territoire (et je suis vraiment comblé d’y être venu, bien sûr !!!) mais j’ai perdu quelques grammes de bonne humeur en fin de séjour. Tant pis pour moi, tant pis pour eux.
J’ai croisé quelques indépendantistes sur ma route. Sans arguments, sans justifications. Après réflexion, je me dis que si la France m’impliquait dans un référendum pour accorder l’indépendance à la Polynésie, bah je voterais « oui » !!!
Une page se tourne et l’Amérique du Sud m’ouvre dorénavant ses portes. Putain, j’ai déjà envie d’y être. Ca va être bon tout ça. Ouf, j’arrive !!!
Ah j’oubliais le plus important !!! Pour ne pas finir sur cette touche négative, je vous laisse cliquer sur le lien pour regarder le petit film de ce qui se passe sous l’eau à Rangiroa. Je vais le regarder aussi, tiens, et puis je vais en rester là avec la Polynésie et ce monde merveilleux qui n’appartient à personne ou plutôt qui appartient à tout le monde !!!