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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 18:50

 

 

Salut!

 

Pour recadrer un tantinet le contexte, l'objectif principal de ce voyage au Népal était bien sûr d'aller faire quelques jours de treks dans l'Himalaya. Au moment où j'ai acheté mon billet, mon genou me laissait le feu vert pour ça. Sauf que deux semaines avant de prendre l'avion, il s'est réveillé et pas qu'un peu!!!! Mais maintenant que je suis là, impensable de revenir sur mon idée première!!! Tu penses!

 

En clair, j'ai neuf jours pour moi, donc il faut que je me trouve un itinéraire et un porteur pour alléger un peu ce fichu genou droit de malheur! Quand j'explique mon cas à mon ami local Chapaigan, guide de montagne, il me conseille vivement de faire un petit trek de 5 jours où paraît-il je pourrais déjà avoir de beaux points de vue sur les Annapurnas. Grrr! Un petit trek? Je suis pas venu là pour ça! A force de gamberger et de solliciter toutes les agences de Pokhara à la recherche d'un itinéraire digne de ce nom, mes recherches convergent vers une bonne vieille rando de 9 jours qui me mènerait au camp de base des Annapurnas, 4130 m! Sexy! OK, j'achète une carte, pas besoin de guide pour faire ça, y aura bien du monde sur le chemin pour ne jamais être seul! Bon, mais il me faut un porteur quand même! Sauf que nous sommes en pleine période de fêtes locales diverses et variées (la fête des chiens, la fête des frères et soeurs, la fête des chèvres et j'en passe...). Donc, pas de porteur disponible à Pokhara : ils font tous la fête!!! Du coup, je contacte Chapaigan à Katmandou pour savoir si il ne connaît pas quelqu'un qui pourrait faire l'affaire. OK, tout est arrangé. Un jeune porteur, Perm, arrive le lendemain sur Pokhara pour m'accompagner et porter mon sac que j'ai allégé un max en laissant des affaires à mon hôtel.

 

Je rencontre donc Perm la veille du départ! Sourire figé sur les lèvres de ce jeune homme de 20 ans. Il a l'air un peu équipé : de vraies chaussures, enfin des tennis quoi, pas des tongs (mais pas de chaussettes), un vrai blouson, un bonnet et des gants. Et un petit sac de 3 litres max! Mais qu'est ce que je peux bien avoir de superflu dans mon sac de 8 kg??? Il a le sourire quand je lui montre ce qu'il va devoir porter pendant ces 9 jours et j'aurais l'explication de son soulagement plus tard pendant le trek. Problème : il ne parle pas un mot d'anglais! Tant pis, je vais tenter d'apprendre quelques mots en Népalais histoire au moins d'avoir un minimum d'échanges avec lui. Ce soir-là, il a l'air crevé! Tu veux manger quelque chose? No no no! Tu veux boire quelque chose? No no no! Je ne sais pas si il ne comprend rien ou si il ne veut vraiment rien prendre. Bon, je lui demande d'appeler Chapaigan avec son téléphone, au moins je pourrais parler à quelqu'un en anglais et il pourra lui traduire en Népalais. Par ce biais, nous convenons d'une heure de rendez-vous le lendemain matin. Allez hop, bonsoir tout le monde : demain, c'est le grand jour!

 

Nous nous retrouvons donc le lendemain à la gare routière de Pokhara devant le guichet des bus locaux qui partent pour Nayapul, le point de départ du trek, à 2 petites heures de route de Pokhara. La vue à la gare routière de Pokhara est très suggestive et j'ai déjà l'eau à la bouche! A la gare, je fais la connaissance de deux français, Florence, une infirmière qui s'est mise en dispo un an pour voyager et Quentin, un jeune enseignant  dans une école française du Bangladesh. Et nous voilà partis tous les 4. Je vais pouvoir partager mes trois premiers jours de trek avec des compatriotes! Cool!

 

 

 

Première étape : Nayapul (1070 m) - Ulleri (2070 m)
Distance : 11,5 km; Temps de parcours : 4 h; Dénivelé + : 1068 m; Dénivelé - : 68 m

 

Nous sautons du bus en milieu de mâtinée! Fais pas chaud! Un petit thé au lait avant de partir et direction les autorités locales pour les formalités administratives et autres permis d'accès au parc. Je commence à comprendre la bonheur de Perm quand je vois les porteurs locaux en claquettes qui se mettent au moins 40 kg sur le dos, la vache!!! Les mecs assemblent jusque 4 sacs sur leur dos et en avant marche. Messieurs, dames les touristes SVP, 1 porteur pour 4 marcheurs, ça se fait pas non? Bref, je vais pas rentrer dans ce détail ici, ça va m'énerver!

 

Donc excellente première journée de marche toute tranquille, sous un soleil de plomb, sur des chemins très très empruntés autant par les trekkers que par les autochtones accompagnés de leurs vaches, buffles, ânes, ... Nous sommes entourés de rizières en terrasse de toute part et nous marchons beaucoup plus vite que prévu! Impossible de se perdre ici : le chemin est hyper large et ne laisse aucune ambiguité, sans parler des panneaux qui ornent la route! On est bien! On commence à goûter aux escaliers et marches en tout genre! Et ce sera comme ça tout le long du trek! Pas la peine de faire des steps en salle, venez faire un tour au Népal = cul en acier assuré!!! J'avais investi dans des bâtons de marche avant de m'envoler au Népal et au début j'étais assez handicapé avec ça dans les mains, mais j'ai vite pris le coup et franchement, je ne suis pas sûr de remarcher sans bâtons aujourd'hui!

 

Etape du soir dans le village d'Ulleri où nous allons dormir dans un lodge avec terrasse et fenêtres de chambre donnant directement sur le Macchapuchare (jolie petite montagne de 7000 m!). Du bonheur quoi!

 

Le soir, la discussion tourne vite autour de l'expérience de Florence sur l'Ayahuesca au Pérou. Sujet qui attire mon attention au plus haut point et pour lequel je ne taris pas de questions! Florence, s'est bien possible que je revienne vers toi pour que tu me communiques tes contacts! Une bière et au lit!

 

Balançoire typique népalaise

Balançoire typique népalaise

 

 

Deuxième étape : Ulleri (2070 m) - Ghorepani (2898 m)
Distance : 9,2 km; Temps de parcours : 3 h; Dénivelé + : 920 m; Dénivelé - : 92 m

 

Le lendemain matin, debout aux aurores pour assister au lever de soleil sur la montagne depuis la terrasse de notre lodge. Magnifique! Un peu glacé ceci dit et pas facile de prendre de belles photos avec de gros gants!

 

Puis, après un p'tit déj' frugal, c'est reparti pour une petite balade de 3 h, tout en escalier encore une fois, jusque Ghorepani. On marche beaucoup trop vite! Du coup, nous avons tout l'après-midi pour découvrir le petit village...d'une vingtaine d'habitants! Ici, c'est le carrefour des trekkers! Ils arrivent de partout et suivent différents chemins. Chacun partage ses propres expériences. Il y a là des espagnols, des italiens, des français, des canadiens, des chinois, ... C'est troublant de trouver tous ces gens au beau milieu d'un petit village népalais dont la population locale ne comprend pas toujours bien le leitmotiv de ces marcheurs étrangers (même si ça fait bien tourner l'économie locale). J'en veux pour exemple cette discussion hilarante que j'ai pue avoir avec un père de famille qui chargeait son âne de vivres à redescendre dans d'autres villages. Nous nous saluons et il me demande d'où je viens. Quand il apprend que je suis français, il explose de rire en concluant : donc vous avez pris l'avion pour venir .... marcher??? J'explose de rire à mon tour! Grand moment de partage, de rires, mais également d'incompréhension! Lui se bat au quotidien et enquille les kilomètres pour ravitailler son village. Dans son quotidien, les loisirs se résument aux discussions qu'il peut avoir avec ses voisins, sa famille, ses amis ou aux jeux qu'ils pratiquent à temps perdu (karum = billard indien ou jeu d'argent dans la rue). Mais nous convenons ensemble que mon billet d'avion aura au moins permis de vivre ce moment, cette rencontre! On se serre la main et nous nous quittons avec un immense sourire et l'impression d'avoir savourer un vrai moment de partage!!! Allez hop, à la douche...chaude, yes!!!

 

Le point de vue de la terrasse de notre lodge est fabuleux! C'est l'occasion de tester la fonction panoramique de l'appareil photo. Coucher de soleil sur les Annapurnas : de la bombe atomique! Les efforts commencent à être récompensés!

 

Après ça, soirée classique! Repas au dal bhaat (riz + bouillon de légumes + épices), le repas traditionnel et quasi unique de tout guide ou porteur népalais qui se respecte (Dal bhaat power!). Et puis ce soir, il faut pas trainer parce que demain matin, c'est lever à 4 h 30 pour grimper jusque Poon Hill et espérer avoir une vue grandiose sur les Annapurnas. Bonne nuit!

 

 

 

Troisième étape : Ghorepani (2898 m) - Chiule (2328 m) via Poon Hill (3199 m)
Distance : 15,6 km; Temps de parcours : 5 h 30; Dénivelé + : 884 m; Dénivelé - : 1456 m

 

Réveil difficile ce matin! Il est 4 h 30 et ça pèle vraiment dans la chambre!!! Y a intérêt à ce que cette marche matinale tienne toutes ses promesses! Allez, on se fagote, on range le sac, on met la frontale et c'est parti! Le p'tit dèj? On verra ça au retour!

 

Dehors, c'est l'autoroute. Comme tous les matins je pense, les trekkers partent par dizaine pour rejoindre Poon Hill dans la nuit bien fraîche! On suit les lumières, et les escaliers recommencent! Des marches, des marches, des marches!!! 45 minutes de montée, petite suée matinale et en haut, il fait toujours sombre et le vent glacial ne nous ménage pas! Je suis gelé! Je bois du thé juste pour pouvoir tenir quelque chose de chaud dans mes mains! Ca va pas être facile de prendre de belles photos dans ces conditions tellement je tremble!

 

Ca y est, le soleil se lève et nous découvrons pleinement le site et les montagnes environnantes. La foule se masse aux points de vue les plus prisés, mais les nuages bloquent bien le panorama! En attendant que tout ça se lève, et pour me réchauffer un peu, en plus du thé, je  parcours le site et je tombe sur une zone couverte de drapeaux népalais. Pour la petite histoire, le fil de tissage de ces drapeaux a été "béni" par les moines. Ils récitent des mantras (prières bouddhistes et hindouistes) en faisant glisser le fameux fil entre leurs mains. Ensuite, les drapeaux sont tissés et le but du jeu est d'exposer ces drapeaux à tout vent jusqu'à dispersion des fils pour répandre les prières!!! Touchant!

 

Bon, les nuages commencent à se disperser! On va prendre quelques photos puis redescendre parce que ça caille sec ici! Et puis, la journée de marche est encore devant nous. Le paysage est très joli, mais j'ai du mal à en profiter pleinement avec ce froid! Vous le sentez là? Je pense à ces fous qui se lancent dans les ascensions des 8000 et qui restent bloqués là-haut sous le vent, la tempête et le froid! Je dois ressentir le centième de leur réalité, mais c'est déjà à la limite du supportable! Pas pour moi ça!

 

Allez, on redescend, on se réchauffe le ventre et c'est reparti pour une longue marche. C'est une journée particulière pour notre groupe de 4 aujourd'hui puisque nous allons nous séparer au cours de cette étape. Florence et Quentin doivent rentrer sur Pokhara pendant que je trace vers les hauteurs! Les visages croisés sur le chemin deviennent familiers et les discussions s'engagent de toute part. La rando passe à une vitesse folle!

 

Aujourd'hui, le profil du trek est descendant! Mon genou va pleurer! Nous atteignons, en première partie, un sommet de la même altitude que Poon Hill où la vue est aussi imprenable, mais cette fois, sous le soleil, tous mes sens sont en éveil! Magique! Je me demande si ça valait la peine de se lever à 4 h 30 ce matin!

 

Après une très longue descente à travers la forêt dense et les cascades qui longent le sentier, nous arrivons à Tadapani où nous déjeunons une dernière fois avant que nos chemins se séparent. Séquence émotions! Florence et Quentin, j'espère que votre descente s'est bien déroulée et que vos chemins de vie seront aussi beaux que ce que proposent ces montagnes!

 

Allez, encore une petite heure de descente avec Perm dans la forêt au milieu des singes qui semblent se moquer de nous! Ils jouent à cache cache. On sent la bouffe ou quoi?

 

Finalement, nous arrivons à notre lodge : magnifique lodge avec grand jardin tout vert dominant la vallée que nous découvrons! Il y a là, dans le jardin, un couple de marcheur qui s'étire au soleil! C'est Giacomo et Michela, un couple d'italiens que je ne vais plus quitter. Je me pose d'abord sur un petit banc avec vue imprenable sur cette magnifique vallée, ma musique sur les oreilles! Je distingue en contrebas un petit village tout animé de festivités, encore une fête locale, à l'effigie de qui? Grand mystère : je leur poserai la question demain en direct.

 

Ensuite, douche chaude et repas en compagnie de mes deux nouveaux amis! Giacomo est un champion de ski de bosses (JO de Sochi 2014) et Michela, sa bella regazza!!! Belle petite soirée de discussions et u eu d'écriture avant de plonger dans nos lits pour une bonne nuit avant la prochaine étape!

 

 

 

Quatrième étape : Chiule (2328 m) - Upper Sinuwa (2386 m)
Distance : 12,3 km; Temps de parcours : 5 h; Dénivelé + : 1097 m; Dénivelé - : 1039 m

 

Grand soleil pour commencer cette journée, en descente jusqu'au lit de la rivière qu'on enjambe à l'aide d'un pont suspendu. Un pont métallique érigé par les anglais. Dans le cadre des ententes du Commonwealth, les anglais se sont engagés à créer des moyens de communication entre les villages népalais en échange de l'intégration d'une centaine de soldats népalais dans l'armée de sa Majesté chaque année! Les soldats népalais en question sont les Ghurkas, guerriers redoutables selon les dires.

 

Nous partons avec Perm avant Giacomo et Michela et rejoignons un petit village de passage. Le fameux village où les festivités battaient leur plein hier soir. Mais tout le monde dort encore : pas un chat dans les rues. Je voulais faire une donation pour l'école, mais personne à qui m'adresser. Heureusement, il y a une urne à disposition placée là pour bon usage! J'y glisse quelques billets et me prépare à repartir quand je reste scotcher devant une structure bois qui semble être une grande balançoire d'au moins 5 mètres de haut! J'essaie de demander à Perm à quoi ça sert! Il me regarde avec un grand sourire mais comprend rien à ma question! J'adore! Allez, on décolle!

 

Depuis tout ce temps, quelqu'un nous observait au bout du sentier. Il s'approche de nous et se présente comme étant un responsable du village. Il m'a vu intéressé par la structure bois et dans un anglais très compréhensible, me demande si je veux essayer! demande à un aveugle de retrouver la vue, bien sûr que je veux essayer!!! Alors, il appelle deux jeunes ados du village et me demande de m'installer tranquillement sur un siège du manège. Je me fais pas prier, mais ça craque bien sous mes fesses quand je m'y pose! Pas sûr que tout tienne sous plus de 80 kg (je suis un peu hors gabarit comparé aux morphotypes népalais!!!). Il commence à faire tourner le manège et demande aux deux ados de s'asseoir sur le siège opposé au mien, et c'est parti pour la prise de vitesse! Du vent entre les dents, une vue époustouflante, je m'éclate! Plus vite? Yes, yes, come on!!! Allez, je dois reprendre la route! Mais au bout du chemin, j'aperçois mes chers italiens et dans le regard de Giacomo, je vois quelques étoiles d'envie! Allez, on y retourne et dans l'autre sens cette fois! Des gamins quoi! La vraie vie quoi!

 

Bon, en route, cette fois! On atteint Chom Rong, un gros village étape avec un poste de contrôle des permis de trek. On s'y arrête pour le recensement et je tombe sur Viktor, un espagnol avec qui j'avais déjà discuté sur les étapes précédentes! Comme d'hab, le contact est immédiat et nous convenons de nous retrouver à notre prochaine étape pour passer la soirée ensemble. Nous ne nous quitterons plus non plus! Enorme descente du haut du village vers le lit de la rivière en contrebas, que des marches, que des marches, que des marches! Putain, le genou douille! Heureusement que j'ai mes bâtons! Nous croisons les trekkers de retour du ABC (Annapurnas Base Camp), qui remontent donc! Et ils en chient, y a vraiment pas d'autres mots! Et dire qu'on va y avoir droit aussi sur le retour! Bon pensons pas à ça pour le moment. Tout en bas, Viktor nous rejoint avec Man, son guide népalais qui parle un très bon anglais. Parfait!

 

Ensuite, c'est la montée! Viktor est gendarme, ancien militaire, et entraineur de football (supporter devant l'Eternel de l'Atletico Madrid!) et il a une grosse forme et il envoie du lourd! Il a son sac de 15 kg sur le dos et il trace vitesse grand V tout en discutant avec moi! L'air me manque, mais je veux pas lâcher! Les guides sont loin derrière et ça chambre sec!!! Who are the guides, guys? Viktor et Man décident de se poser pour manger un bout! Moi, je pars : il reste une heure de montée pour atteindre notre lodge, je mangerai là-haut et puis je vais réserver les chambres et prendre une bonne douche!

 

Ca y est, nous y sommes! Journée assez physique! Viktor, Man, Giacomo et Michela nous rejoignent! Nous mangeons ensemble et enchaînons sur l'apprentissage de certains jeux de cartes népalais autour de quelques bières. Sur le menu, le lodge propose du vin local! On veut pas mourir trop con, donc on va goûter à ça! Grave erreur! Man nous apporte une tasse chacun de ce qui semble être de l'eau, chaude qui plus est! En fait, c'est juste de l'alcool de riz tiède! Mon avis : dégueulasse! A pas finir mon verre : peu courant chez moi! Bon, on se force, mais c'est pas de gaieté de coeur. Ce sera la dernière fois, je me le promets!

 

Allez, brossage de dents, préparation de deux litres d'eau à la pastille de chlore pour le lendemain, un peu de lessive et au lit, le goût du vin local encore plein le gosier, beurk!

 

 

Cinquième étape : Upper Sinuwa (2386 m) - Deurali (3160 m)
Distance : 11 km; Temps de parcours : 3 h 30; Dénivelé + : 1090 m; Dénivelé - : 315 m

 

C'est une journée de marche où je vais commencer à sentir la raréfaction de l'oxygène! Les pas sont moins rythmés, les pauses plus fréquentes! Ajouté à ça, le soleil donne fort! Je vais pas me plaindre, c'est magnifique et nous commençons à visualiser notre objectif, de plus en plus près!

 

Plus trop de rizières autour de nous : au-delà de 2500 m, le riz ne pousse plus! Les villageois cultivent des légumes, des épices et élèvent des vaches, des chèvres, des moutons! D'ailleurs, ils embûchent souvent la route en s'étalant de tout leur long pour se prélasser au soleil!

 

Pour s'occuper l'esprit, nous traduisons les paroles de nos hymnes respectifs en anglais (espagnol, anglais, népalais, français) et tout ça semble très très lié à la guerre et à la violence! Sauf l'hymne espagnol qui pourrait se traduire par lalalala...

 

Nous arrivons très vite à Deurali, dernière étape avant ABC! Les lodges dans chaque village se font de plus en plus rares! 3 voire 4 lodges, soient 60 à 80 places couchées disponibles! en clair, c'est bien de ne pas arriver trop tard sous réserve de devoir continuer jusqu'à la prochaine étape! Les chemins sont moins pratiqués qu'en bas, mais il reste du monde sur la route!

 

Le Macchapuchare se pose là juste devant nous! La vue est à couper le souffle et j'aperçois quelques rapaces à la chasse dans cette immensité! Une chaise, les pieds posés sur un muret à contempler la vallée en mangeant des Cheese Naan, sorte de crêpes de riz fourrées au fromage de yak peut-être??? Très bon!

 

Il y a là un autre couple avec qui la conversation s'engage! Au bout de 2 minutes : vous êtes français, non? OK, ce sera plus simple! Notre accent est terrible, mais ça fait du bien de rencontrer des compatriotes de nouveaux. Enfin, des compatriotes qui reviennent de s'être expatriés 9 mois en Nouvelle Zélande! Les récits de voyages reprennent pour mon plus grand plaisir, surtout quand il s'agit de cette île sur laquelle je me suis promis de retourner! Bande de veinards! Armand et Amandine se joignent désormais au groupe et nous ne nous lâcherons plus.

 

Soirée jeux de cartes et bières! Nepal Ice, Everest ou San Miguel : c'est égal du moment qu'elles soient bien fraîches! Pour varier un peu du riz, nous tentons les pizzas et même des tortillas pour Viktor! Bien sympa, mais un peu léger pour mon ami Viktor, un peu nostalgique de ses tortillas espagnoles! Nous proposons à Man et Perm de goûter aux pizzas, mais pas moyen! ce sera Daal Bhaat, et c'est tout! Daal Bhaat 24/24! Addicted les mecs! On retentera plus tard!

 

Allez, au lit! Demain, c'est le grand jour!

 

 

Sixième étape : Deurali (3160 m) - ABC (4130 m)
Distance : 9 km; Temps de parcours : 2 h 30; Dénivelé + : 1134 m; Dénivelé - : 164 m

 

Nous partons tous les uns après les autres avec pour objectif d'atteindre ABC dans la matinée pour profiter au maximum de cette journée dans le cirque borné par les Annapurnas et le Macchapuchare! Journée de marche tranquille, les maux de tête se réveillent pour moi au-delà de 4000 m. Pas très grave, l'objectif est proche.

 

Nous avions prévu de marcher plus de 3 h pour atteindre ABC et nous arrivons finalement après 2 h 30 de marche! les dernières centaines de mètres sont plutôt longues. C'est là, à portée de main, nous voyons le campement, mais les pas sont lourds et lents!

 

Ca y est, nous y sommes! C'est fabuleux! Je remonte encore d'une petite centaine de mètres pour être sûr de bien dormir ce soir! Petit moment d'évasion solitaire au beau milieu de ce paysage minéral tout sec et majestueux! Pfff, ça valait vraiment le coup de prendre l'avion!!! Ce camp de base marque la fin du chemin de trek et le début de l'itinéraire des alpinistes qui veulent se lancer à l'assaut de l'Annapurnas (8091 m)! Reste du chemin les gars!

 

Nous faisons le tour du campement à faire des clichés toutes les 5 minutes! Bon sang, c'est beau et on se sent tout petit au milieu de ce décor imposant! Des drapeaux népalais flottent au vent et les sommets jouent à cache cache entre les nuages. On a de la chance, le ciel est plutôt dégagé et une petite sieste en extérieur est envisageable (bien couvert quand même!).

 

Souffle coupé par la beauté de l'endroit, tout détendu d'avoir atteint cette destination, nous retournons dans la salle commune pour arroser ça avec quelques bières. Nous mangerons le Daal Bhaat ce soir, façon népalaise = avec les mains! Franche rigolade autour de ce bon repas bien folklo! Les yeux de tous les hôtes rivés sur nous! je pense qu'il y a quelques films qui tournent sur Youtube : comment manger le daal Bhaat à la façon occidentale!!! Attention, il y a des règles à respecter, c'est pas open bar! D'abord, tu ne dois utiliser que la main droite (la main gauche étant réservée à des usages plus intimes!), donc main gauche en poche! Ensuite, il y a le mélange du riz avec le bouillon de légumes et les épices! Bref, tu te mets dans l'ambiance assez rapidement! J'adore manger avec les mains, ça a un tout autre goût et puis y a moins de vaisselle!!! Et surtout, généralement, t'en gardes toujours un peu pour plus tard si vous voyez ce que je veux dire!

 

Après ce repas copieux (c'est à volonté : autre avantage du plat!!!), les discussions s'orientent sur la légende (ou pas!) de l'existence du Yéti! Nous n'avons pas eu la chance d'observer ne serait qu'une trace dans la neige, simplement parce qu'il n'y a plus de neige là-haut! Les locaux nous confirment que la neige était présente à cette altitude et à cette même période, il y a une trentaine d'année, mais aujourd'hui, les neiges éternelles se situent aux alentours des 6500 m! Bien triste ce constat! En tout cas, de yéti aucune trace, même si Man nous assure en avoir déjà vu les traces! Les seuls signes de présence éventuelle du yéti que nous avons constatés résident dans les grognements rauques nocturnes faisant écho dans notre dortoir!!! Moi, personnellement, j'ai rien entendu!!!

 

On a tous dormi dans le même dortoir, à la recherche de couvertures complémentaires parce que dans la chambre, il fait 2 degrés toute la nuit! Avec les quelques bières bues, bien sûr, la sagesse indique de bien tout vidanger avant de se coucher! Hors de question de se relever en pleine nuit!

 

Sur ce, bonne nuit, mais endormez-vous vite avant que le yéti ne se manifeste!!!

 

 

Septième étape : ABC (4130 m) - Lower Sinuwa (1940 m)
Distance : 21 km; Temps de parcours : 5 h 30; Dénivelé + : 370 m; Dénivelé - : 2560 m

 

Allez, vite debout pour prendre les photos du lever de soleil! On sera pas là tous les jours! Un bon massage du genou aux huiles essentielles avant d'entamer l'énorme descente, et c'est reparti.

 

On repart sur le même chemin qu'à l'aller et la fin du trek commence à se faire sentir! Quelques pas mal négociés frôlent le disciplinaire, mais dans l'ensemble tout finit bien. 5 h 30 de descente, c'est long, vraiment long! Heureusement, l'esprit de groupe règne et les discussions s'engagent sur les projets de chacun et notamment ceux de Perm qui me confie son souhait de devenir guide! Formation nécessaire de 1 à 2 ans, avec apprentissage de l'anglais bien sûr, l'histoire, la botanique, les premiers soins, ....Vaste programme!

 

Sur la route, je suis toujours aussi halluciné de voir tous ces porteurs avec des charges incroyables sur le dos, jusque 70 kg, en claquettes! Et pour eux, c'est tous les jours! Impressionnant! Tout ça pour approvisionner les lodges en bouteilles de coca en verre!!! Hum!

 

La descente se fait aux doux sons des namaste, namascar et on croise bien sûr les gens qui montent. C'est encore loin? Cherche pas, marche, ça vaut le détour!!!

 

On arrive au lodge, rincés! Cette fois, on ne traine pas! Au lit rapidement : demain, l'objectif c'est de marcher très peu et de se rendre sur un site où il y a des sources chaudes, pour se délasser un peu!!!! Yes!

 

Huitième étape : Lower Sinuwa (1940 m) - Jhinudanda (1640 m)
Distance : 4,5 km; Temps de parcours : 2 h; Dénivelé + : 343 m; Dénivelé - : 684 m

 

Départ ce matin en dilettante! Plus de speed, maintenant, l'effort est derrière nous, mais la descente est bien raide encore! J'ai voué un culte sans faille à mes deux bâtons!  a pas à dire, mais 4 appuis au lieu de deux, ça change la vie!

 

Pour dire au revoir à la magnifique vallée, on vase prendre un petit déjeuner dans une pâtisserie allemande! Ca m'énerve ça : il y a des pâtisseries allemandes dans tous les coins du monde et qui ne servent d'allemand que des parts de forêt noire! Pour le reste, c'est du typiquement frenchy : pains au chocolat (ou chocolatines pour les récalcitrants!), croissants, bref, y a rien d'allemand dans tout ça! Mais c'est bien bon!

 

Arrivés à destination, tout le monde est bien relâché et on sent bien que ce soir, ça va être le feu dans le lodge! mais d'abord, une petite descente de 300 m pour atteindre les sources chaudes où on va rester bien 3 h au chaud, à scotcher sur la rivière en furie, sur le décor végétal qui nous entoure! Man essaie bien de lancer un jeu (un loup!) dans le bassin chaud, mais le bac fait 5 m x 3 m : ça prend pas! Détente, détente! Que du bonheur en attendant de revenir en ville pour un ou plusieurs massages bien mérités.

 

Allez, faut remonter maintenant! Et en claquettes. Dernière effort avant la soirée. On a complètement dévalisé le bar du lodge, en faisant un bronx du tonnerre! Excellente soirée pour ponctuer ce trek! Et puis, pas de limite d'heure ce soir : demain matin, il reste juste à descendre avant de retrouver la civilisation. On a tout notre temps. La tenancière va se coucher en nous laissant seuls dans la salle de resto! Erreur, on a soif et faim nous! Bon, on va se servir! L'ambiance est à son comble et je suis pas sûr que les hôtes puissent dormir! J'espère juste qu'ils descendent aussi, sinon, c'est pas gagné pour demain!

 

Mais avant d'aller se coucher, c'est pas les Pringles ou autres gateaux apéro qui vont nous calmer! Man se propose de nous faire un petit plat de riz frit aux légumes! Excellente idée. Il investit la cuisine et commence à préparer la tambouille : il est 2 h du mat! La tenancière se réveille et constate l'invasion! Rien de grave, Man gère ça en maître des lieux! Très bon ce petit plat, bien relevé! Allez, il est temps de se coucher pour pas croiser les marcheurs qui vont pas tarder à se réveiller!!!

 

Bonne nuit, hic!!!

 

 

Neuvième et dernière étape : Jhinudanda (1640 m) - Kyume (1474 m)
Distance : 10 km; Temps de parcours : 2 h 30; Dénivelé + : 494 m; Dénivelé - : 660 m

 

Voilà, les sacs sont faits et nous nous lançons sur le chemin qui n'est pas si simple que ça! Dans nos veines, ne coule pas que du sang vierge!!! La récupération a été compliquée cette nuit et les yeux restent bien clos!

 

En chemin, on dit au revoir à Armand et Amandine qui nous rejoindront plus tard à Pokhara!

 

A Kyume, on attrape une jeep pour rentrer sur Pokhara! Ca tangue pas mal! mais finalement on arrive à bon port!

 

 

Voilà pour ce trek : 103 km, dénivelé + : 7400 m; dénivelé - : 7000 m; de magnifiques paysages et de formidables rencontres!

 

A refaire sans faute : j'avais promis à trois pistards de faire du repérage au Népal! C'est chose faite. Soyez prêts les bibis parce que je vais y refaire un tour dans ce décor et je vous emmène avec moi cette fois!

 

Fin du séjour à se retrouver tous les 8 à Pokhara, quasiment chaque soir! A se rémémorer nos bons moments, dans des bars bien bab du bord de lac! Merci pour votre bonne humeur les amis et la saison 2, c'est quand vous voulez!

 

 

Sur ce, je finis par faire quelques courses de Noël, par me faire masser chaque jour. Et aussi par ce que je m'étais promis de faire, c'est-à-dire, rien! Juste glandouiller et profiter de ces bons moments, de ces beaux sourires, avant de reprendre le rythme infernal français qui me permettra de reprendre la route très prochainement.

 

La bise à tous.

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5 janvier 2017 4 05 /01 /janvier /2017 20:04

 

 

Salut,

 

Nous sommes le 29 octobre 2016 et je sirote une bière devant le lac de Pokhara, en contemplant le coucher de soleil! Encore une jolie journée passée au Népal! Ici la vie glisse sans laisser de traces... Tout est paisible, il fait bon vivre et tout sent la vérité : les sourires, les regards des gens. Pas d'a priori, pas de jugement, un monde hétéroclyte qui se mélange dans la plus parfaite et la plus sereine harmonie. Et je ne parle pas que des hommes : chiens, poules, vaches, chèvres, et consorts font bon ménage ici, au coeur de Pokhara. Le soleil est maintenant tombé et les nuages se posent doucement sur le lac. L'impression d'être plus près du ciel. Est-ce le ciel qui est plus bas ou nous qui sommes plus hauts? A réfléchir!

 

Demain, je m'évade dans le massif des Annapurnas, jusqu'au camp de base. Je suis assez excité, mais en même temps très détendu, à l'image du quotidien de cet épisode népalais.

 

Je suis donc parti de Paris samedi dernier, après une soirée mouvementée avec mon Coco! Les vols successifs ont été tumultueux avec Air China (beurk!!!) et toute sa rigueur chinoise!!! Trop cadré pour moi! Et pas très confortable pour le coup! L'arrivée à Katmandou s'est faite en douceur, sans encombre et illustrée de tous ces népalais souriants (douanière comprise!!!).

 

La ville de Katmandou est vraiment easy going et le break avec ma vie française est instantané. Accueil tout tranquille et je me sentais vraiment hyper-actif dans les premières heures! Mais je me suis vite calmé : dans ce sens-là, les habitudes reviennent vite!!!

 

Par contre, comme la plupart des capitales asiatiques, et notamment à l'image de Bombay, énormément de bruit, de poussières, une densité incroyable et beaucoup de pollution : port du masque obligatoire, c'est triste! L'état des routes est désastreux et le trafic est plus que saturé!

 

J'ai rencontré Chapaigan, un jeune népalais de 25 ans (Merci Ele!!), guide local! Il m'a conduit jusqu'au site de Namobuddha, dans la vallée de Katmandou, sur sa moto!!! Un périple de 4 h aller-retour, sans casque (c'est pas obligatoire pour le passager là-bas et j'en avais pas prévu dans mon sac!!!) dans un capharnaüm motorisé sans nom et sans règle! Quelques frayeurs mais rien d'inhabituel dans le contexte népalais. Piétons, vélos, tracteurs, voitures, bus, camions, charrettes se doublent et se croisent aux doux sons des klaxons! Je faisais pas toujours le fier, mais j'avais pleine confiance en mon pilote. Arrivés sur le site, un temple bouddhiste qui surplombe toute la vallée, nous avons tenté de profiter du paysage (mais Paris n'a rien à envier à Katmandou en terme de couverture grise : la masse nuageuse salasse est permanente et on voit simplement rien, même si nous sommes 1000 m au-dessus du plancher des vaches!). Du coup, grand moment de discussions sur la vie népalaise, les conséquences du séisme, le système de castes encore au goût du jour, la guerre civile récemment terminée, la situation géographique népalaise entenaillée entre les deux monstres indiens et chinois, la vie des fermiers, .... Une excellente journée de mise en bouche, toute posée, un regard sur la vie locale quelque peu en détresse, du moins en reconstruction, même si les espoirs semblent s'amenuiser du fait de la corruption ambiante. Les jeunes népalais ont cette foi patriotique et se battent tous les jours pour sortir leur pays de l'ornière et le porter sous ses plus belles couleurs! Ca fait vraiment plaisir. Aidons-les! N'envoyons pas d'argent, mais allons le dépenser directement chez eux, c'est leur salut!

 

 

 

 

 

 

Après ces deux jours d'introduction à Katmandou, j'avais envie de verdure et de calme : alors direction le parc National du Chitwan, dans le Sud du pays! Pour aller à la rencontre de quelques espèces de la faune locale. Trip tout à fait cadré avec quelques activités au programme : canoé, marche en jungle, spectacle de danses traditionnelles... Vu quelques rhinos, quelques éléphants, des crocodiles qui se dorent au soleil, beaucoup d'oiseaux magnifiques et des singes qui batifolent dans les arbres. J'aurais aimé croisé le regard du tigre, mais pour ça, il fallait s'enfoncer un peu plus en jungle et le temps m'étais compté! Mais j'ai surtout fait de belles rencontres, notamment avec ce couple de jeunes anglais, Fraya et Tim, qui débutaient tout juste leur TDM du haut de leur 19 ans! Souvenirs, souvenirs!!! Et puis ces deux chicas espagnoles, Sara et Chris, qui m'ont retracé leur trek du tour des Annapurnas avec des étoiles plein les yeux et beaucoup de conseils à suivre. Moi qui avais peur de me lancer vu l'état de mon genou : cette discussion a été plus bénéfique qu'une session d'infiltration! Suerte amigas!!!

 

 

 

 

Bref, je quitte cet endroit pour atteindre l'objectif principal de ce voyage et l'air pur des montagnes. Direction Pokhara par le bus (200 km = 8 h) avec une petite panne de 2 h en prime : de l'huile de notre moteur partout sur la route!!! Juste le temps de prendre quelques photos de certaines espèces motorisées rencontrées dans ce beau pays.

 

 

 

 

Me voici donc à Pokhara, où je vis en solitaire, à marcher plus de dix bornes par jour, à me perdre dans le dédale des rues ornées de câbles électriques entremêlés (le bordel pour retrouver le bon fil : j'aimerais pas faire de maintenance ici!!!). Mais tout ça me glisse dessus et j'oublie le bon ordre français! Je prépare mon trek tranquillement en profitant de la vue sur le lac et en buvant quelques bières. J'aime cette douceur de vivre et la bienveillance des gens du coin. Elle apparaît dans chaque regard, dans chaque discussion. Elle me remplit de joie, m'apaise, me transfère directement dans l'état d'esprit du voyage que j'aime tant.

 

 

 

 

Ca y est, le trek est défini! Je pars neuf jours marcher jusqu'au camp de base des Annapurnas. Départ de Nayapul (1000 m) et arrivée au camp de base (4130 m), le tout sur une boucle qui fait 110 km environ, mais tout ça, c'est pour plus tard!

 

La bise.

 

 

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