Salut à tous,
Voilà, c’était ma dernière semaine en Argentine : demain, je trace ma route en Bolivie. Alors, pour clore ce séjour argentin, je voulais du grand, du beau, quelque chose qui me fasse dire au revoir dignement à ce pays que j’ai aimé. Mais j’y reviendrai en conclusion!!!
Après cette étape à Purmamarca qui m’a transcendé, j’ai filé directement sur Tilcara, un petit village qui a vu sa population augmenter de 100 % en environ 3 ans (de 5 000 à 10 000 habitants). Bien sûr, cette croissance est essentiellement due à l’afflux touristique. Du coup, y a plus de touristes et de commerçants et hôteliers venant de Buenos et de Cordoba que de locaux. Même sur la place du marché artisanal, où on peut compter une trentaine d’échoppes, il y en a peut-être 5 qui vendent des produits locaux !!! Bon, quand je vois ça, je me renseigne rapidement auprès de l’office du tourisme pour me faire un planning rando. Oui, mais voilà, dans l’office du tourisme, y a aussi des agences privées. Du coup, les messages sont très clairs : pas possible de marcher ici sans guide, vous pouvez vous perdre, bla bla bla. Bon, qu’à cela ne tienne, je vais me perdre alors. Toutes façons, vues les environs, même si je me perds, ce ne sera que du plaisir. Sinon, y a des sites à voir ? Ouais, deux ou trois, mais faut payer pour l’accès. Ah OK, on privatise la nature maintenant, même ici !!! J’ai l’insulte au bord des lèvres. Mais bon, je me calme, ils n’y sont pour rien ici !!! Tout ça parce que le site est classé au patrimoine de l’humanité. Ils nous font vraiment chier !!! Du coup, je vais marcher jusqu’à l’entrée des sites, mais je vais pas rentrer sur les sites et je vais continuer sur le chemin pour vagabonder au milieu des cactus et des paysages non classés, mais tout aussi classe !!! Bonne journée, vraiment, dans ce décor de malade encore une fois. Surtout que je croise Sarah et Michaël, deux belges (mais y a que des belges ici, ou quoi ?) qui arrivent directement de la Bolivie et du Pérou. Echanges de bons plans : plongée baleine contre trek au Pérou direction le Macchu Picchu. Ca promet !!! Suerte amigo, et on se tient au jus. Passez bien le bonjour à Goos de ma part et je vous contacte dès que je suis au Pérou pour préciser l’itinéraire du trek !!! A part ça, Tilcara, c’est aussi une Pucara, une ancienne cité rénovée de l’époque pré-colombienne, construite avant l’invasion des Incas, mais influencée par eux en fin de vie. Ces édifices sont magnifiques surtout quand tu prends en compte le paysage derrière. Bon, mais faut payer pour entrer. OK, je donne !!!
Tilcara, c’est aussi une communauté pseudo-hippie. Ici, tu peux rester vivre, si tu veux !!! Je peux travailler pour vous dans l’hôtel ? Bah ouais, vas-y, fais les lits, nettoie les chambres et puis tu restes ici gratos et on te file à bouffer !!! Cool ? Ouais, mais très peu pour moi !!! Je ne sens pas l’authenticité hippie ici. C’est juste pour passer un peu de bon temps, OK !!! Mais, question philosophie, c’est très rase-moquette !!! Je pensais pouvoir avoir des discussions intéressantes, même si je ne suis pas d’accord à 100 %. C’est un style de vie que j’arrive à concevoir, même si c’est trop mou pour moi ! Sauf que là, y a pas de consistance, y a pas de fondement ! Bof, si ça leur plaît, y pas de raison de ne pas le faire !!!
Enfin, Tilcara, c’est aussi beaucoup de musées. Et comme je voulais savoir l’inspiration que les peintres locaux pouvaient tirer des paysages environnants, bah, je rentre dans un musée qui présente plus de 200 toiles. Rien de transcendant !!! Je ne comprends pas bien. On retrouve les couleurs, ça, oui, mais pour ce qui est de l’art, de la créativité et surtout de la beauté des tableaux, je suis vraiment déçu !!! Pas de photos, bien sûr !!!
La soirée va se déroulait dans une Peña locale. Une sorte de bal populaire, avec musicos locaux, flûte de pan, guitare, tambourins et chants. Les gens ici viennent passer la soirée à danser des danses que je ne saurai citer. Enfin, tout est dans la séduction, c’est propre à l’Argentine ça !!! J’étais avec Rafa un uruguayen qui bosse à Buenos Aires, technico commercial en quelque sorte. Bons moments de discussion sur les conditions de vie argentines notamment. Je suis toujours mal à l’aise avec ces propos parce qu’on est vraiment bien loti en France, faut dire ce qui est. Y a pas à se plaindre. Alors, dès qu’on parle salaire, congés, possibilités de voyager, et tout, bah y a pas photos. On a de la chance et c’est tout !
Le retour du lama!!! Pas de chemise blanche!
Retour aux cités d'or!!!
Désolé pour ce cher Fernando que j’avais croisé dans le bus et qui me proposait une ballade à cheval, mais je vais pas m’attarder ici. Je trace direct sur Humahuaca. (bordel, la frontière bolivienne n’est plus qu’à 200 km !!!). Et là, c’est la fin de la Québrada et y a 10 000 habitants dans le village, mais que des locaux !!! Y a un ou deux bus qui viennent ici chaque jour, remplis de touristes, essentiellement argentins, pour assister à l’exhibition d’un moine franciscain sur la façade de l’église. Chaque jour, à midi, un peu comme une horloge à coucou, une porte s’ouvre et le franciscain apparaît à la population. Je me suis retrouvé au milieu de tout ce monde. Je pensais vraiment qu’il y avait un évènement type festival ou je sais pas trop !!! Tout le monde avec son caméscope et moi, comme un con, au milieu de tout ça, à attendre je ne sais même pas quoi, une clope au bec !!! Quand midi sonne, je comprends et je me casse direct. Autre chose à faire dans les montagnes environnantes. Encore trois heures de marche qui vont me procurer toute la joie et l’énergie que ce voyage m’avait promis. Je me sens libre d’une force en ce moment !!! Je vais pas poser de mots sur cette sensation parce que ça fait peur, à moi, ça me fait peur en tout cas. Comme si, après 11 mois de trip, mes sensations s’ouvraient complètement. Ca y est je suis dans l’état d’esprit que je voulais. Etat naturel, débranché complètement, mais vraiment complètement de tout matérialisme !!! Wouah !!! Je souhaite à tout le monde de vivre ça et je vous assure qu’on voit la vie autrement. Enfin, c’est ce qui se passe dans ma tête. J’ai peur au retour, ça c’est sûr !!! Faudra prendre votre temps avec moi amigos, parce que je vais pas être instantanément parmi vous et ce ne sera pas de l’indifférence, non, ce sera de l’atterrissage, quelque chose comme ça !!! Le soir, à l’hôtel, je croise Ash, un néo-zélandais bloqué ici, en attente de son appareil photo qui doit arriver par la Poste. A Humahuaca !!! Je lui souhaite plein de courage et surtout plein de patience !!! Et puis, Sen, encore une belge, mais où suis-je ? Sen, avec qui je vais descendre une bouteille de Malbec de Mendoza, fucking Mendoza. I really hate this city !!! Bon, le vin est bon, je vais pas dire le contraire. Discussion voyage, voyage. Que du bonheur !!!
Petit hôtel à Humahuaca, avant son gardien de portail, adorable! Bon, j'ai eu quelques petits démêlés avec les chiens ici, première fois en Argentine !!!
Le lendemain, je décolle pour Iruya, un tout tout petit village au milieu des montagnes, accessible en bus (3 h de routes pour 70 km, sur des chemins de cailloux complètement défoncés, et un col à 4000 m). Et ouais, dans ces contrées, les altitudes, sont jamais en dessous de 2 700 m, une sorte d’adaptation progressive à l’entrée en Bolivie et au Sud Lipez qui va me faire vivre une bonne dizaine de jours au-dessus de 3 500 m !!! Là, je fais la route avec Julie et Matthieu, deux français, d’Aix en Provence, complètement accroc au tango. Cool, on va passer pas mal de temps ensemble à Iruya. Je ne fais rien paraître, mais j’ai besoin de ça en ce moment. Je sais pas, le fait de quitter l’Argentine, j’ai l’impression que ça me coûte et puis, tout n’est pas réparé… Bref, on va discuter un peu de la France et de ce qui s’y trame en ce moment. Oh les grands, ça a pas l’air bien glorieux !!! Qu’est ce qui se passe : vous vous laissez endormir ou quoi ? Balancer votre télé par la fenêtre, vous verrez, ça ira mieux !!! Enfin, moi je dis ça, je vais le prendre en pleine tronche au retour !!! C’est possible que je casse le bus de Roissy et le chauffeur avec si ça me chauffe trop. Non, le mieux, c’est que quelqu’un vienne me chercher à l’aéroport, ce serait plus sage !!! Revenons à Iruya. Village extraordinaire. Que des villageois qui parlent un espagnol dont je ne pane pas un mot. Et puis, les bonjours sont plus discrets, plus timides. Un peu comme si ils avaient un sentiment d’infériorité, ou je sais pas trop quoi. Mais quand tu commences à honorer leur terre, à grimper bien haut, à essayer de discuter, alors, la porte s’ouvre doucement. Je pense que ces gens voient l’arrivée progressive des touristes, l’édification de plus en plus d’hôtels. Mais ils veulent encore vivre ce qu’ils ont toujours vécu. Ils ne veulent rien changer. Ils veulent éduquer leurs enfants comme ils ont appris à vivre depuis toujours. Pas facile, dans ma tête c’est le bordel, parce que j’ai envie de voir ça, mais je participe au changement des habitudes, des mentalités, juste en venant ici ! Et puis, les cheveux longs, ici, c’est pas très courant. Alors je dois casser la glace et ça prend du temps ! Mais j’ai le temps !!! Je pense à ce papy que j’ai collé pendant une demie-heure ce matin. Je voulais grimper et tout le monde disait que c’est impossible, bla bla bla. Trop dur, trop long, possibilité de se perdre encore une fois. Bah, je sais pas quoi, mes parents m’ont donné des jambes, non ? Suffit juste de poser un pied devant l’autre !!! Bref, après quelques phrases échangées, il finit par me dire de le suivre jusque chez lui (il a ses deux petites filles avec lui, une dans chaque main) et ensuite, il m’indiquera le chemin ! C’est parfait. Ce genre de rencontre finit souvent par une étreinte, quelque chose de magique et ça fait toujours son effet !!! Donc, une fois que je connais le chemin, c’est parti pour 2 ou 3 heures de marche. Et là, c’est pas super simple, c’est même plutôt physique. J’en chie mais, je sais pas d’où ça vient, je lâche rien et je grimpe, je grimpe. Les photos prises de là-haut valent chères, ça c’est sûr, en litres de sueur en tout cas !!! Je croyais rencontrer Julie et Matthieu qu’étaient partis une demi-heure avant moi. Mais bon, faut dire ce qui est, hein les amis, vous avez fait vos feignants !!! Vous avez bien raison, c’est les vacances après tout et je pense que vous avez déjà bien enflammé les pistes de tango avant ça, alors un peu de repos est bien mérité. Quoi qu’il en soit, je vous embrasse et je vous souhaite un bon retour en France !!! Et laissez vous aller à la plongée, je paie mon resto si c’est pas à la hauteur des discussions qu’on a eues !!! Suerte amigos, hasta luego ! Iruya restera un souvenir gravé dans mon cerveau si je considère la beauté des lieux, l’isolement du village qui m’offrent une bouffée d’oxygène. Si j’avais un peu de temps, je serais resté plus longtemps ici, mais la route m’appelle et elle commence à gueuler maintenant parce que je dois me barrer de l’Argentine. Je dois passer la frontière bolivienne !!!
Là, on est à 4 000 m et y a pas une trace de neige, c'est sec de chez sec!!!
Je crois que j'ai pas la bouche assez souple pour faire correspondre mon sourire à ma joie!!! En plus, j'ai les lèvres gercées!!!
Chinon Valley International Corporation, toujours présent, même au milieu de nulle part!!! Petit souvenir du marché médiéval! Il manquait les palets!!!
Mon petit papy avec ses deux adorables petites filles! Tranche de vie, séquence émotion!!! Tous les matins, il descend au coeur du village acheter sa viande!!! C'est raide, vraiment raide et il doit avoir 70 ans. Ca l'occupe une bonne partie de chaque matinée!
Pfou!!! Plein la tête, plein les yeux, plein les oreilles!
Allez, je la retape et j'en fais ma résidence secondaire. C'est pas beau ici?
Pour conclure, je voulais dire que l’Argentine est un pays qui m’aura ouvert le cœur comme j’avais espérer que ce voyage le fasse. Elle m’a beaucoup donné, elle m’a pris énormément aussi. Mais la vie est un échange et il faut accepter de donner et de recevoir. L’un ne va pas sans l’autre, c’est sûr. En tout cas, moi, j’ai tous mes sens en éveil et je vous assure que je prends goût à ça. J’ai rarement touché « la vérité » d’aussi près. Et t’inquiète ptite Mum, je dis ça en pleine conscience, j’ai mes deux pieds bien sur terre, sur cette belle terre. Je suis pas en train de rêver, non, la réalité est ainsi, dure et magnifique !!! OK, je prends tout. Ca fait rire, ça fait crier, ça fait chanter, mais ça fait pleurer aussi de temps en temps. Enfin, ça te fait sentir vivant quoi !!! Tout ce que j’ai cultivé en France, mon éducation, ma culture, ma curiosité, ma sensibilité d’homme, mes convictions, mon abnégation, mon optimisme, tout ça prend forme en un tout ! Et c’est un sentiment que je n’avais jamais senti aussi présent auparavant ! C’est tout bon pour moi et I don’t care what the World says !!! C’est pas facile de poser des mots en face du ressenti, je fais ce que je peux. J’espère juste que vous me comprenez encore parce que je suis en pleine transition. Je veux dire que je peux encore imaginer ce que vous ressentez en lisant ces phrases, mais le but de ce voyage, c’est de ne plus me soucier de votre ressenti. C’est juste laisser les mots couler de mon cerveau à mes doigts. Et ils courent en ce moment, sur ce clavier qui me relie à vous.
Et puis, l’Argentine est un pays latin ce qui sous-entend chaleureux. Le contact, physique je veux dire, est facile. Tout en accolades, en poignées de mains, le sens tactile qui me rapproche de cette culture !!! En comparaison avec l’Asie en général, je dirais que l’Argentine est un peu plus… mâture, c’est le mot qui me vient à l’esprit. Et puis, c’est plus que magnifique, alors venez y faire un tour, vraiment, c’est sans opposition possible !!!
Je vous embrasse tous bien fort et je vous souhaite plein de bonheur. Moi, bah, je pouvais pas espérer mieux. Je suis là, JE VIS et après, on verra. L’homme a une capacité d’adaptation insoupçonnable mais ce soir, j’ai jamais eu autant l’impression que mon retour en France est impossible. Mais je veux vous voir, je veux voir cette flamme dans vos yeux qui me fait vous aimer et qui me fait vous considérer encore plus important que tout ce que j’ai pu voir jusqu’ici ! Merci et on se voit autour d’un verre, prochainement. Mais attention, soyez prêt, parce que ça va être du niveau d’un enterrement de vie de garçon. Vous êtes prévenu, je vais arriver en force.
A tout l’heure.
P.S. : Merci à Coco et Zabelle pour Sylvain Tesson. Vous êtes des amours !!! Je vais entrer en Bolivie avec l’esprit libre et ouvert, et avec ces lignes qui vont prendre tout leur sens dans ces contrées poussièreuses. Back to the roots !!!