Roadbook illustré sur un tour du monde austral
Hola, que tal ?
Voilà, Mendoza, c’est fini et tout ce qui va avec. Il est temps de remettre les lunettes de soleil pour leur vraie utilité, il est temps de souffler sur les nuages, il est temps d’avancer et de s’émerveiller encore et encore, il est temps d’éclater cette bulle d’isolement et de s’ouvrir de nouveau à ce qui m’entoure. Il reste plus de 3 mois à ce voyage et je ne me sens jamais aussi bien que quand je dois remettre mon sac sur mon dos et partir vers d’autres destinations, pour d’autres surprises, d’autres joies, d’autres voyages. Enfin, cette vie que j’ai choisie de vivre en quittant la France quoi !!! Et puis, il est surtout temps de balayer ce dernier article qui avait toutes ses raisons d’être, il y a une semaine. Aujourd’hui, je reviens en force avec cette envie, cet instinct qui me poussent vers l’avant grâce à vos mails, à tous vos messages et grâce aussi à feu Mano Solo et son extraordinaire album « La Marche ». Muchas gratias amigos !!!
Me voici donc à Jujuy que je croyais être un petit village, mais qui en fait est une bonne ville de presque 300 000 habitants (faut dire que je n’ouvre plus trop le lonely planet dorénavant !!!). Petit temps d’adaptation, de repos, d’errance en ville. A l’hôtel, je rencontre Carl, un étudiant belge en ethnologie et Alex et Benoît, deux français avec qui on prévoit de partir au parc national Calilegua, dès le lendemain. Bref, deux jours à rien faire, exceptée cette petite soirée super sympa au théâtre. Une bande de musicos sud américains (à dominante cubains), les Amados, qui vont nous jouer des bons petits morceaux entrecoupés de tirades comiques. Bon, pour les tirades, je dois comprendre 30 % du contenu. Mais la gestuelle me fait bien rire, jusqu’au moment où le mec entre dans la foule et commence à poser des questions à chacun. Et merde !!! Je devais être à côté de Carl qui parle couramment, mais là, je suis seul à côté de Mimi et Hernando, un petit couple argentin très très sympa, mais qui sont tellement absorbés par le spectacle que je ne veux pas les interrompre. Bon, le gars passe à côté de moi et je lui balance tout le flux que j’ai à disposition pour qu’il dégage. Et… ça marche ! J’aurais pas eu l’air con de lui dire : disculpe amigo, pero no entiendo lo que me preguntas !!!
Et ouais, maintenant, j'ai un black spot sur la lentille de mon appareil!!! Je ne le changerai pas pour ça, trop cher, faudra faire avec. C'est un peu la loose!!!
Donc, le lendemain, direction le parc national Calilegua qui semble être un des parcs argentins le plus riche en biodiversité !!! Bon, je vais le voir ce jaguar ou quoi ??? Bah non ! Trop chaud, trop sec et si je veux voir ce genre de bestiole, je dois rester au moins deux jours dans le parc pour m’enfoncer un peu plus au cœur de la forêt et marcher aux aurores ou au crépuscule!!! Tant pis, je verrai ça en Bolivie, à Madidi NP, hum, c’est juste pour plus tard !!! Petite journée sympathique, à prendre quelques photos de fleurs, et de tétards. Quelques oiseaux, mais pas vraiment de quoi me satisfaire complètement. Surtout que je me fais complètement sucer le cou par les moustiques, les chacals !!! Ils ont du m’enlever tout mon mauvais sang, je ne peux pas leur en vouloir ! Mais ça reste des journées très sereines : je crois que la forêt est mon lieu de culte. C’est calme, silencieux, reposant ! T’oublies tout ici, à l’affût du moindre mouvement, du moindre bruit. Merci à Alex et Benoît d’avoir partagé cette journée !
Dernier jour sur Jujuy, je prends le collectivo en direction de Purmamarca. Et là, c’est l’apothéose !!! J’étais loin de m’imaginer que cette journée allait me redonner tout ce goût que j’ai de nouveau dans la bouche, cette envie d’avoir les 10 doigts plantés dans l’instant. Y a un soleil de plomb, un ciel bleu sans aucun nuage. Ca commence par la rencontre dans le bus de cette famille de Cordoba, Myriam, Elizabeth et Matthias qui mâchent leur coca, tout tranquillement, avec qui je vais passer le voyage à discuter de l’Argentine et de ce que j’y ai vu. C’est toujours incroyable, voire dérangeant de faire découvrir un pays à ses propres habitants. Mais ça me ramène au quotidien de ces gens fabuleusement gentils et qui n’auront sûrement jamais les moyens financiers de contempler leur pays autrement que par la télé ou les magazines… ou par les discussions avec les voyageurs !!! C’est un vrai plaisir de voir leurs sourires et leurs dents pleines de coca à chaque anecdote. Suerte amigos. Me gusta Argentina ! On arrive à Purmamarca et je décide de prendre la route seul avec mon Ipod et ce cher Mano dans les oreilles donc. Cette musique tellement réussie artistiquement et textuellement qu’elle peut te plonger au plus profond du trou ou t’éjecter en plein ciel si tu sais prendre la vague ! Je déserte donc le cœur du petit village rempli de touristes et de boutiques-souvenirs. Et là, sous mes yeux, des couleurs incroyables, des cactus partout, des gens en méditation, des chevaux en pleine nature. Je me sens tout petit dans ce décor accueillant. Ce décor qui semble être comme une exposition de peinture. C’est bizarre que je n’ai pas entendu parler d’artistes peintres inspirés directement de ces paysages. Dans des tons complètement différents, la palette de couleurs est au moins aussi riche que celle que j’ai pue observer en Polynésie. Je vais me renseigner !!! Journée à marcher, à escalader, à arpenter les sentiers de crête, pas plus large que ma chaussure, parfois, avec plus de 100 m de vide de chaque côté et un petit vent en rafale qui te met le frisson. Bonheur ! J’ai pas vu de vie dans la vallée, à part peut-être quelques condors, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils m’ont entendu chanter !!! Journée à marcher, donc, à transpirer. Je vais zapper les Salinas Grande, ce petit désert de sel, à 50 km de là, simplement parce que je sais que dans moins d’une semaine maintenant, je serai en Bolivie au beau milieu du Salar d’Uyuni, caray !!! Je laisse les photos pour illustrer mes propos !
Wouah, ce petit sentier de crête : que du bonheur!!!
Venez vous asseoir à côté de moi, le monde est à nous!!!
Quand je rentre, c’est décidé, demain je me casse un peu plus au Nord. Donc, je fais mes sacs et vais finir mon séjour ici en compagnie de Carla, Karina, Noélia et Sébastian, devant quelques cervezas Norte négras et des pizzas maison ! Et c’est là que j’apprends de Sébastian (qui s’occupe de la gestion d’une forêt) que l’empreinte repérée dans El Rey (vous vous souvenez ?) n’était autre que celle d’un tapir !!! A rectifier donc, désolé !
Voilà, je suis dorénavant à Tilcara, autre petit village au cœur d’une magnifique québrada. Mêmes paysages, même décor que Purmamarca ou Cafayate. Je crois que ces couleurs vont me suivre jusqu’au Sud Lipez en Bolivie, pour ma plus grande joie. J’ai fait le trajet en bus aux côtés de Fernando, un ancien prof d’arts à l’université de Jujuy. Il a des chevaux !!! Il me propose de venir le voir demain pour discuter d’une éventuelle balade. A voir !!!
Sur ce, je vous laisse, merci encore pour votre soutien et votre réconfort, sincèrement. Ce qui suit n’est pas très gai, mais je voulais laisser un hommage à Claire sur ce blog. Une amie qui m’a conseillé, motivé et a toujours été présente pour moi, l’année précédent le voyage. Une de ces personnes de l’ombre qui vous laisse un souvenir éternel, mais qui nous a quittés un peu précipitamment, au beau milieu de ses rêves!!!
P.S. : y aurait pas une âme charitable qui voudrait m'envoyer quelques morceaux de "petit traité sur l'immensité du monde" de Sylvain Tesson, j'ai bien envie de lire quelques unes de ses lignes, gratias!